Contester les frontières au Sahel

Autor principal:
Beatriz Mesa (Université Internationale de Rabat)
Programa:
Sesión 3, Sesión 3
Día: lunes, 22 de julio de 2024
Hora: 16:00 a 17:45
Lugar: FRANCISCO DE VITORIA (142)

Les frontières de Liptako Gourma (Sahel) se trouvent dans un carrefour sécuritaire menacé par les acteurs polyèdres qui transitent entre le crime organisé et la lutte pour le contrôle ethno-territorial. Leurs actions sont exécutées sous le couvert d'un discours nationaliste et religieux qui leur a permis de se consolider en tant que structures armées et de devenir des concurrents politiques de pouvoir centrale.

 

La criminalité organisée et l’insurrection armée sont indissociables. Cette alliance a conduit le Nord du Mali—aussi la frontière ouest de Niger et le nord de Burkina Fasso-- vers l’explosion d’un nouveau type de violence qui dépasse le discours du Jihad ou sécessionniste et qui obéis à des enjeux d’ordre social et surtout économique. Les groupes armés, légitimes ou illégitimes, ne représentent plus une force de défense d’une idéologie mais ils se sont transformés en organisations qui se battent, en premier lieu, pour le contrôle d’un territoire propice au crime organisé.

 

Les frontières de Liptako sont devenus une zone de « autogouvernance » de la part des structures organisationnelle de la Jama’at Nusrat-al islam wal-Muslimin (JNIM), affiliée à Al Qaïda, dans la région du Sahel, ainsi de la part des groupes armés que participent dans une table de négociation pour trouver une solution au problème de nord de Mali. La revendication territoriale de ces derniers groupes qui concernent une de trois frontières de Liptako Gourma dépasse la résistance identitaire et le discours qui date de l’époque précolonial sur « l’espace touareg » et elle se cache derrière d’un autre model de négoce attaché aux économies illicites : les drogues, les armes, les otages et récemment l’or. Nous constatons que l’usage fait de l’idéologie salafiste et ultérieurement de l’idéologie sécessionniste constituent toutes les deux la couverture derrière laquelle s’installe toute une structure d’économie criminelle. Celle-ci est cultivée dans un milieu familial-tribal (tribu) et soigneusement développée pour atteindre un niveau de sophistication impliquant autant la masse populaire que les groupes politiques armés.

 

L’augmentation des bénéfices à partir du développement de l’économie criminelle (trafic de haschisch et de cocaïne et opération d’extorsion et prises d’otages) et de la contrebande de produits illicites qui transitent à travers les frontières mettent en évidence l’échec des États modernes et leur incapacité de contrôler leurs frontières qui continuent à fonctionner comme au temps des États-territoires : traversées par des commerçants selon l’esprit de la libre circulation, étrangères aux normes imposées par la colonisation et plus tard par les systèmes centralistes. D’autre part l’économie criminelle est présentée comme la nouvelle menace du XXI siècle et comme la principale source d’instabilité des sociétés en pleine mutation sociale et politique. Par ailleurs, elle est aussi responsable de l’augmentation de la violence et des groupes armés qui à travers le pouvoir économique cherchent à gagner en influence et se faire respecter. Celle-ci était donc l’hypothèse de ce papier qui s’appuie sur une démarche empirique entre 2012-2017 avec les acteurs clés de l’insurrection, de leaders tribaux, des médiateurs pour la libération d’otages, des repentis d’AQMI et MUJAO (les premiers organisations djihadistes au Sahel). Sur la base d’observations empiriques et des récits de nous enquêteurs. 

Palabras clave: frontières politiques, frontières économiques, communautés, Sahel, agenda économique, crime organisé